Plus triste que jamais, je me traînais misérablement jusque la Forêt, la queue basse. Je m'effondrai sous l'ombre d'un arbre, ignorant si Cœur de Cendre était toujours là.
J'en avais désormais la certitude : Cassiopée était morte. Assassinée par Luna. Laquelle ne semblait pas éprouver le moindre regret.
J'étais décidée : un jour, je prendrais ma revanche. Un jour, je la briserais comme elle m'avait brisée.
Mais pas maintenant. Je devais attendre le moment propice. Réprimant un soupir, je tournais la tête de droite à gauche pour tenter d'apercevoir le loup brun.
-Tu es là, Cœur de Cendre ?

Cœur de Cendre patrouillait dans la forêt tout en méditant. La veille, Luna avait presque avoué qu'elle avait tué Cassiopée.
Et dire que je la croyais faible et inoffensive... Ça va poser un problème... notre petite fille devient adulte... elle se met à tuer...
Pendant un instant, le loup se dit que Cassiopée n'avait eut que ce qu'elle méritait - elle ne cessait de torturer Luna depuis l'exil de cette dernière, elle avait cru pouvoir lui faire confiance, elle s'était moquée d'elle en lui présentant son corps. Mais Luna, elle, ne plaisantait pas.
Le loup se figea lorsqu'il entendit une voix l'appeler. La queue basse, les oreilles plaquées contre la nuque, il s'avança vers la source du bruit.
Il fit un bond en avant, surgissant de derrière un arbre, puis il se rendit compte qu'il s'agissait d'Ariane. Couchée à l'ombre d'un arbre, elle semblait triste. Mais Cœur de Cendre, lui, avait déjà dépassé ce cap - il voulait tout simplement se venger.
- Oui, c'est moi, dit-il d'un ton grave avant d'ajouter plus gentiment : tu ne devrais pas rester ici. Les Arréziens pourraient te prendre par surprise. Et te tuer, toi aussi.
Il fit la moue, puis demanda le plus gentiment du monde :
- Ça va, tu vas t'en remettre ?

Je me mis péniblement debout. Un bref instant, j'avais pensé rejoindre les terres Arréziennes et demander à Luna de me tuer, pour être enfin avec Cassiopée. Mais je ne pouvais pas faire ça : je devais me battre pour mon clan et venger ma sœur.
-Oui, ça va.
Je m'approchai du loup avec un battement de queue amical.
-J'espère seulement que je pourrais prendre ma revanche un jour.
Chers petits Arréziens, profitez bien de ces instants de paix... bientôt, je hanterai vos rêves et vous ferai vivre vos pires cauchemars...

La panthère lança à Cœur de Cendre un petit coup de queue amical. Mais le loup eut le réflexe de s'écarter d'un pas. Il regarda alentours, gêné.
- J'espère que Kléa ne va pas venir ici. Elle pourrait penser que... qu'on s'est donné rendez-vous. Elle dort encore, je l'ai laissée ce matin.
Cœur de Cendre comprenait tout à fait que Kléa s'inquiète. Ariane était très belle, certes, mais elle ne signifiait rien -absolument rien pour lui.
J'espère quand-même que cette panthère ne va pas ficher en l'air toute ma relation avec elle...
- Tu viens ? lança le loup, pour se rattraper, on va se promener ?

Il se mit en marche.
- C'est grâce à ta sœur, tu sais, si j'ai Kléa. Mais bon. Elle n'a pas fait exprès. Elle a été très désagréable avec moi...
Ces mots lui étaient sortis de la bouche "naturellement", mais il comprit que raconter de mauvaises choses sur la défunte Cassiopée n'aiderait pas Ariane à s'en détacher.

Cœur de Cendre me proposa d'aller me promener.
-D'accord.
Je marchai à son côté.
-Qu'importe ses actes ou ses crimes : pour moi, elle sera toujours ma sœur. 
La vie est vraiment injuste, parfois...

Kléa se lécha la patte et regarda dehors.
Le beau temps était revenu, même si dans l'air subsistait une note d'humidité.
La veille, après que le temps se soit calmé, Cœur de Cendre et Ariane s'était rendu en terre Arrézienne pour tirer les choses au clair.
Apparemment, Luna avait bel et bien tuée Cassiopée...

Kléa ne pouvait y croire.
Elle savait qu'il existait une certaine tension entre les deux félidés mais de là a s'entre-tuer !
Luna devait regretter son geste. Cela devait être un accident. La renarde ne voyait pas d'autre explications.
Elle croyait aveuglement dans la bonté et la gentillesse de Luna. Décidément, elle ne savait pas cerner les individus.
Il fallait qu'elle se méfie désormais. Luna et Cassiopée étaient amies et pourtant...

La renarde secoua la tête et se mit en marche.
Elle était à la recherche de Cœur de Cendre et Ariane.
Elle les trouva bien vite dans la forêt.

Apparemment, ils étaient en grande conversation.
La panthère avait l'air abattue.
Doucement, Kléa avança dans leur direction.
Elle ne souhait par les interrompre mais refusait de les laisser seuls aussi.
Elle avait confiance en Cœur de Cendre -et Ariane - mais c'était plus fort qu'elle.

- Je suis désolée, murmura-t-elle à l'adresse de la panthère. Pour ta sœur.

Kléa s'allongea et posa son museau sur ses pattes. Elle se sentait mal vis-à-vis d'Ariane. Selon elle, c'était entièrement sa faute si la panthère était morte.
Bien sûr, elle ne l'avait pas tuée de ses propres griffes mais c'était tout comme.
Après tout, c'est elle qui s'était rendue sur les terres Arrézienne afin de discuter avec Luna. Elle qui avait fait confiance à une ennemie. Elle qui avait attirée les membres de son en territoire ennemi et les avaient mis en danger.
Si elle s'était méfiée de Luna, comme son clan le lui avait dit, si elle ne s'était pas rendu chez elle, jamais Cassiopée ne l'aurai suivi et elle serai encore là. Avec Ariane.
Les deux sœurs seraient réunies.

Cœur de Cendre entendit la voix de Kléa. Il se retourna, figé d'horreur.
...
Il se retourna et s'avança vers Kléa. Il se pencha vers elle et frotta son museau contre le sien.
- Comment vas-tu, aujourd'hui ? lança-t-il d'un ton tendre, désolé de ne pas t'avoir réveillée, mais tu avais l'air de bien dormir.
Cœur de Cendre regarda Ariane qui se trouvait derrière eux, puis pensa très fort, comme si ses songes pouvaient atteindre la panthère noire :
Je t'en supplie, défends-moi si Kléa m'accuse d'avoir pris "rendez-vous" avec toi...
Puis, l'air de rien, il lâcha :
- Dites... vous pensez que ce n'est pas Luna qui a tué Cassiopée ? ...Après tout, elle ne l'a pas clairement dit. Peut-être que c'est ce lynx qui a fait ça. Il semblait assez mystérieux, la première fois que je l'ai vu... Ou peut-être tout simplement qu'ils ont un membre "caché", qui s'occupe de tuer... non, je m'emballe.

Je donnai un petit coup de queue amical sur l'épaule de Kléa avant de réfléchir aux propos de Cœur de Cendre. J'étais persuadée que Luna était la responsable : le coyote me semblait bien trop faible, physiquement et moralement, pour commettre un meurtre d'une façon aussi lâche et abjecte.
-Luna a presque avoué son crime : nous devrions nous méfier d'elle. Son petit ami le coyote se prosterne littéralement devant elle, il ne faudrait pas non plus le sous-estimer.
Agacée, je regardai à droite et à gauche, craignant que les Arréziens nous rendent une petite "visite de courtoisie".
Luna... si jeune, et déjà du sang sur les pattes...

Je sautais d'arbre en arbre.
Elle va voir ce qu'elle va voir... "oh, ma sœur Cassinounette est ici, savez-vous où elle se trouve ? Quou-A ?! Vous l'avez tuée ? Ooooh, mon Dieu, je vais m'évanouir ! Pourquoi ne suis-je donc pas arrivée plus tôt ?" ils comprendront qu'il ne leur appartient pas de se balader sur toutes les Terres d'Olympe sans subir de représailles...
Soudain, je bondis sur Ariane et l'immobilisai au sol.
- Qu'est-ce que ça fait de voir qu'on est envahit par l'ennemi ? feulai-je.

L'attaque de Luna me prit totalement au dépourvu. Néanmoins, je ne cédai pas à la panique : j'envoyai immédiatement une vision à Luna pour qu'elle ne me voie plus, en l’occurrence une grande jungle en pleine nuit. Je la repoussai et me plaçai aux côtés de Cœur de Cendre et Kléa, guettant le coyote, sans relâcher ma concentration. De toute manière, si il tentait de nous attaquer par derrière, Cœur de Cendre le verrait arriver.
Elle ose revenir après ce qu'elle a fait à Cassiopée !
-Salutations, Luna, miaulai-je d'une voix froide. Tu es bien loin de chez toi. Toi aussi, Tayris !
J'étais certaine qu'il était dans les parages.

Une vision m'assaillit. J'étais dans une jungle, en pleine nuit. J'entendais des centaines de bruits autour de moi - les petits cris stridents des ouistitis, le bruit d'une cascade à proximité, mais je ne voyais pas Ariane, dans tout ça.
En tentant de reprendre mon calme, je lançai d'un ton froid :
- Je viens t'expliquer quelque chose, pauvre petite... nous sommes en guerre. Et dans une guerre, des gens meurent. Cassiopée, si elle-même n'avait pas eu le pelage noir, t'aurait critiquée pour n'importe quoi, si elle avait décidé qu'elle ne t'aimait pas. Elle était d'une extrême superficialité, et pour elle, seuls les clans comptaient. On ne pouvait pas être ami avec l'Arrézien. Comme au vieux temps, lorsqu'on pensait que canidés et félins ne pouvaient cohabiter ensemble ! Mais c'est ce que Tayris et moi faisons ! Alors dis-toi bien que ta chère vieille sœur est mieux où elle est : dévorée par les asticots, pourrissant dans un lac.
Je ricanai.

Je sortis les griffes, mais ne relâchai pas ma concentration. Je rajoutai un petit détail à la vision : Cassiopée tournant autour de Luna, les crocs découverts, prête à la sauter dessus.
-Elle ne pourra jamais confirmer tes dires puisqu'elle est morte, lâchai-je d'une voix cynique. Tuer quelqu'un de sang froid est un comportement bien indigne d'un chef. Si je le voulais, je pourrais t'arracher le cœur, là, maintenant, sans que tu puisses te défendre, puisque tu ne peux pas me voir ! 
Alors ? Comment c'est de se sentir vulnérable ? Ton Don ne pourrait pas te sauver la mise, cette fois !
-Mais je ne le ferais pas car moi je ne suis pas un monstre. Aussi, je vais te demander de partir, poursuivis-je, faussement aimable. 
Je dissipai volontairement la vision.
-Ne t'avise pas de m'attaquer avec ton Don, où je m'infiltrerai dans tes rêves et te ferai vivre tes pires cauchemars...
Je savais pertinemment qu'elle ne pourrait s'empêcher de m'envoyer une bonne décharge : c'est pourquoi je récitai mentalement toutes les choses horribles que je pourrais lui envoyer.

J'eus un petit toussotement moqueur.
Si elle croit m'impressionner.
- Ta chère sœur n'a eu que le sort qu'elle méritait ! m'écriai-je, et ce ne sont pas tes petites visions de rien qui vont m'impressionner. Tu crois que je ne sais pas lancer des décharges ?
Mon cerveau se mit à bourdonner alors que je faisais naître en moi de petites décharges électriques qui se firent de plus en plus puissantes. Mon poil se gonfla et je sentis un éclat électrique traverser mes yeux.
- Franchement, Ariane, dis-je d'un ton amusé, tu ne vas tout de même pas t'empêcher de dormir pour me gâcher mes rêves ? 
À l'aveuglette, je m'avançai vers un arbre et grimpai maladroitement dedans.
- Non, je suis bien, ici..., déclarai-je.
Attends un peu... si elle ne me voit pas... elle ne peut pas m'atteindre...
Alors, je risquai le tout pour le tout : je bondis au hasard, et atterris dans les aiguilles d'un grand sapin. Je me frayai un chemin jusqu'à un autre arbre et retrouvai peu à peu la vue.

J'éclatai discrètement de rire.
-Mes petites visions, comme tu dis, peuvent rendre fous. Elles peuvent faire mourir de peur... ou rendre le monde tellement beau, que lorsqu'elle se dissipe, la personne visée s'en va se suicider tellement elle a l'impression que sa vie n'est que tristesse... 
Je m'étirai paresseusement.
-Et qui es-tu pour juger que quelqu'un mérite de mourir ? La grande reine des Terres d'Olympe, peut-être ?
Je préparai ma prochaine vision. Il ne me restait plus qu'à lui envoyer.
-Allons, Luna ? Mais qu'as-tu donc vécu de si horrible pour mépriser à ce point la souffrance des autres ?
Si tu m'envoies une décharge... je t'envoie ton pire cauchemar.

Ariane essayait de me faire avouer quel était mon pire cauchemar.
- Tu ne me connais pas, dis-je en changeant encore de perchoir, et ne comptes pas sur moi pour te parler de mon passé...
Je fusillai Cœur de Cendre et Kléa - que je voyais à peine - du regard en priant pour qu'ils ne vendent pas la mèche.
- Alors, d'après toi quel est mon pire cauchemar ?
Moi-même, je ne le savais pas.

Je souris faussement.
-Ne t'inquiète pas. Si tu refuses de parler, Kléa me racontera... j'ai cru comprendre que vous étiez "amies"...
Je jetai un regard entendu à la renarde. Cœur de Cendre devait connaître une partie de l'histoire lui aussi : j'étais sûre que mes amis me raconteraient. Pourquoi seraient-ils du côté de Luna, après tout ? Elle avait tué leur ancien chef, tout de même. 
-Ne crois pas t'en tirer à si bon compte, Luna. Si tu veux jouer à cache-cache, grand bien te fasse ! Mais tu ne pourras pas rester là éternellement.
Agacée, je me tournais vers mes deux amis.

-Kléa, Cœur de Cendre ? Pouvez vous me raconter ce qu'il s'est passé ?
Je m'attendais à recevoir une décharge à tout moment.

[Tu ne vois pas Luna. Tu ne peux donc pas lui envoyer de vision.]

Cœur de Cendre hésita. Après tout, il n'avait jamais eu de relation compliquée avec Luna. Kléa non plus, d'ailleurs. La panthère des neiges, d'après lui, n'était au final pas très agressive...
Sans compter que les problèmes qu'elle a eus avec Cassiopée étaient particuliers... Je suis presque certain que son pire cauchemar est inspiré des éléments de son passé. Et personne ne mérite, même pas le pire des monstres, de voir réapparaître les fantômes de son passé... je suis bien placé pour le savoir.
Cela dit, le loup ne voulait pas s'attirer les foudres d'Ariane. Que devait-il faire ? Son instinct paternel, d'un côté, lui disait de préserver la santé mentale de Luna. Elle était trop jeune pour souffrir de la sorte. Mais son instinct de Chef de Meute, de dirigeant, lui disait de tout faire pour assurer la sécurité de son clan. Et qu'est-ce qui promettait qu'elle ne continuerait pas à commettre des crimes aussi lâches - à deux contre un ?
Même si Tayris n'a pas l'air très agressif. Apparemment, il est surtout très curieux.
Mais peut-être que Luna avait pris goût à ce genre d'actes... Non, ce n'était qu'une enfant ! Finalement, Cœur de Cendre se lança et dit à voix basse, à l'oreille d'Ariane :
- Imagine-toi seulement qu'on te force à revivre les pires moments de ta vie. Imagine-toi seulement qu'on te force à réentendre Andromède. Et imagine-toi seulement qu'on te force à réapprendre sa mort.

Furieuse, je me tournais vers Cœur de Cendre.
-Luna a tué ma sœur ! Mais comment peux-tu encore prendre sa défense ? Elle lui a arraché le cœur et tu lui cherches encore des excuses !

Je me mis à tourner en rond. Moi qui pensais le loup de mon côté ! Je résistai cependant à l'envie de lui envoyer une vision effrayante.
-Si elle avait tué Kléa, ne chercherais-tu pas à te venger ?
Je soupirai de frustration. Luna m'agaçait, à attendrir tout le monde avec son petit numéro de panthère rejetée par tous.

Cœur de Cendre ne cherchait pas particulièrement à prendre la défense de Luna. Seulement, depuis quelques minutes, il avait l'impression qu'on lui avait infligé à lui une vision représentant sa fille, morte. Il se mit à frissonner. Il aurait bien aimé pouvoir lui aussi envoyer des visions pour lui montrer à quel point cela pouvait être agréable, ou affreux, d'avoir comme une main devant la figure, vous forçant à voir un dessin précis qui s'infiltre dans votre cerveau...
- Je ne lui cherche pas d'excuses, dit Cœur de Cendre d'un ton grave, je dis simplement que...
Le loup se préparait à dire quelque chose. Il ouvrit la bouche, puis la referma.
- Ariane, dit-il d'un ton calme, et si on arrêtait tout ça ?

Je me stoppai net dans mon élan. Mais qu'est-ce que Cœur de Cendre voulait dire ?
-Comment ça "arrêter ça" ? 
Parlait-il de la guerre ? C'était impossible. Les Athéniens et Arréziens étaient trop différents pour pouvoir cohabiter. Sans compter qu'on oubliait pas des années de rivalités comme ça...
-Explique moi ce que tu veux dire par là.
Je m'assis. Un rayon de soleil vint embraser ma fourrure, dévoilant des taches jusqu'alors invisible. Majeure différence avec Cassiopée.
Je continuai de guetter Luna.

Cœur de Cendre appréhendait la réaction d'Ariane. Il savait ce qu'il allait dire, mais d'autres paroles lui brûlaient la langue.
Luna a tuée Cassiopée honnêtement, au final. Tayris ne l'a pas aidée. Elle ne s'est pas servie de son Don. Ariane, elle, essaye de la tuer à l'aide de ses visions.
Mais Cœur de Cendre n'avait aucune raison de craindre Ariane, n'est-ce pas ? La panthère l'appréciait. Ce qui faisait la différence avec Cassiopée... la défunte Cassiopée...
- J'ai décidé, dit-il d'un ton sans réplique et en lançant un regard plus glacial que jamais à Ariane et aux arbres où Luna se cachait sûrement, qu'à partir de maintenant, vous ne ferez plus usage de vos Dons à des fins meurtrières ! Finit les visions torturantes ! Finit les décharges mortelles ! Les Dons les plus sages sont les plus inoffensifs. Alors maintenant, Luna va se contenter de couper du bois avec ses décharges et toi, dit-il à l'adresse d'Ariane, tu vas te contenter de te baigner dans tes rêves et dans tes fantasmes.
Le loup émit un petit hurlement, et une nuée d'oiseaux irrités s'envolèrent des arbres.

Je le foudroyai du regard. Moi qui le pensais mon ami, voilà qu'il me parlait comme si je n'étais qu'une ennemie pour lui !
-Mesures tes paroles ! Techniquement, tu n'as pas d'ordres à me donner puisque nous sommes égaux.
Je me calmai quelque peu.

-Néanmoins, ton idée est intéressante... il est vrai que j'apprécierais de ne plus risquer de recevoir des décharges à tout bout de champ...
... même si je dois pour cela renoncer à mon Don.
-Et qu'en pense notre centrale électrique ?

Cœur de Cendre savait pertinemment qu'Ariane allait dire ça.
- Techniquement, c'est moi qui t'ai promue Chef de Clan. J'ai donc la possibilité de te rétrograder au poste de simple Veilleuse, dit-il d'un ton sec.
Cœur de Cendre leva la tête vers les arbres en espérant voir Luna. Elle devait sûrement se cacher d'Ariane. Le loup se tourna vers son adjointe et lui dit :
- Cassiopée l'a mise au défi, elle croyait que Luna n'était qu'une gamine... mais Luna voulait s'affirmer. Et par rapport à ce que tu as dis, tu a envoyé bien plus de visions à Luna qu'elle ne t'a envoyé de décharges !

J'étais furieuse. Des larmes de rage perlaient au coin de mes yeux.
-Tu crois que c'est facile, pour moi ? Je cherche ma sœur depuis des mois, j'arrive à retrouver sa piste, et là... J'apprends qu'elle est morte et j'ai sous mes yeux celle qui l'a tuée ! Tu ne comprends donc pas ma tristesse ?
Je lui tournai le dos, déçue par son attitude.
-Il existe d'autres moyens de s'affirmer que de commettre un meurtre. Et qui te dit que ce n'est pas Luna qui a provoqué Cassiopée ? Tu n'étais pas sur place.

Je m'éloignai de lui et allai me planter sous un arbre voisin, guettant Luna.