Après son accrochage avec la jeune chef Arrezienne, Luna, Tayris avait décidé d'aller faire un tour chez les Athéniens, pour se changer les idées. Le territoire était désert, pour le moment. J'espère qu'il n'y a pas d'Athéniens par ici. Je ne suis pas d'humeur.
Le don du coyote était encore actif, de fait qu'on peinait à le distinguer, son corps ayant prit les teintes vertes de l'herbe grasse; en cette belle journée.
L'air était imprégné de verdure, d'humidité, d'odeurs d'Athéniens... Et d'Arréziens. Y aurait-il un autre Arrézien dans les parages ? Une seule façon de le vérifier...
Le canidé s'approcha du cours d'eau, et huma l'air. Pas de doutes, un allié était bien présent. Mais où ? Tayris observa en silence les broussailles, s'attendant à voir surgir quelqu'un d'une minute à l'autre. Le coyote s'efforçait d'être le plus discret possible.

J'arrivai près du Ruisseau, quelque peu craintive. J'étais seule, à en juger par le silence, seulement rompu par l'écoulement de l'eau et le bruissement du vent dans les quelques arbres qui m'entouraient.
Tayris est sûrement rentré.
- Alors je vais profiter de ma petite escapade pour régler mon compte avec cette Athénienne. Sachant que j'ai tout le pouvoir d'arrêter le combat en nous électrocutant...
Parler à voix haute n'est pas prudent, jeune panthère...
Je reculai de quelques pas et franchis d'un saut le Ruisseau, atterrissant sur les terres ennemies.
Je vais attendre ici.
Alors, méfiante, je me mis à arpenter le territoire, faisant les cent pas.
- Quand j'y pense, j'ai peut-être eu tord de me comporter ainsi avec Tayris. Enfin... lui aussi, il est gonflé. Si il continue à nourrir une certaine haine envers mon espèce, on n'ira pas loin et les Athéniens nous réduiront en charpie. Je n'ai rien à me reprocher... Et puis je suis jeune, il faut bien que je me défende et que je fasse preuve d'une certaine autorité, si je ne veux pas me laisser marcher sur les pattes. C'est bien dommage, il était assez mignon... bah. Les mâles. Je ferais mieux d'essayer de me trouver un lion ou un félin, sinon je n'irais pas loin.

Continuant d'épier les alentours, Tayris ne tarda pas à apercevoir une panthère des neiges qu'il reconnu aussitôt : Luna.
Mais ce n'est pas vrai ! Qu'est ce qu'elle fiche ici ? Le coyote essaya de rester le plus silencieux possible, car il semblait que la jeune chef ne l'avait pas encore découvert; et c'était tant mieux.
" je vais profiter de ma petite escapade pour régler mon compte avec cette Athénienne. "
Un different ? Intéressant. Finalement, cette femelle n'est peut-être pas aussi craintive que je le croyais, à l'égard des Athéniens. Mais elle est beaucoup trop égoïste. Si elle m'avait demandé, je serai sûrement venue avec elle. Mais sans doutes pensait-elle que je refuserai ? Bah, je suis là, de toute manière. Les grands esprits se rencontrent.
Perdu dans ses pensées, Tayris remarqua que Luna avait franchi le ruisseau, donc la frontière, et sillonait le territoire en parlant... De lui.

"C'est bien dommage, il était assez mignon..."
On apprend des choses, ici, dit donc... répondit Tayris à l'égard de Luna; reprenant son apparence normale.

Alors que je continuais à parler seule, une voix retentit dans mon dos et je sentis une présence.
Je tournai la tête, et vis Tayris, nulle gênée de ce que je venais d'affirmer.
Qu'est-ce qu'il fiche ici, celui-là ? Il ne peut pas me lâcher la grappe ?
Alors, en le regardant paisiblement, je lui envoyai une violente décharge à travers le sol, et moi-même je sentis mes muscles pétiller et mon cœur me piquer à la suite de cette attaque.
Bon sang ! N'y a-t-il que des Dons Miroir, ici ? Hmm, en fait je crois que c'est surtout la sensation - désagréable - que me procure ce coyote. Décidément, je me demande ce qu'il me veut.
À présent, je regrettai les paroles que j'avais prononcé à peine une minute auparavant, car ce coyote commençait sérieusement à me taper sur le système.
- Qu'est-ce que tu me veux, encore ? Fiche-moi la paix. Jusqu'à preuve du contraire, j'ai l'impression que tu me suis.

Tayris s'efforçait de ne pas laisser parraître la douleur fulgurante qui lui traversait le corps au moment même où Luna s'était retournée.
Qu'est-ce que tu me veux, encore ? Fiche-moi la paix. Jusqu'à preuve du contraire, j'ai l'impression que tu me suis.
Le coyote reprit son souffle, et un grondement sourd naquit dans sa gorge.
Jusqu'à preuve du contraire, je suis parti avant toi, et j'étais caché ici en attendant des Athéniens. Donc je pense plutôt que c'est toi qui m'a suivi !
Le canidé se voulait sérieux, colérique, mais cette situation le faisait rire intérieurement.
Elle a le cerveau en bouilli, ou quoi, celle-là ? De toute façon, elle ne se contrôle pas.
Oh, et au fait, avant que tu ne me renvoie une décharge électrique, sache que ça ne nous avancera pas. Ni moi, ni toi. Une fois que je serai blessé à mort, et qu'une horde d'Athéniens se pointera, il ne faudra pas compter sur moi pour t'aider. Puisque je serai à moitié mort, rappelle toi !

Je haussai les sourcils et eu un petit rire moqueur.
- Mes décharges électriques ne peuvent pas tuer, et apparemment tu n'as gardé aucune séquelle de mes attaques, aussi nombreuses soient-elles.
Attendre l'ennemi en se cachant derrière son Don est assez lâche, je trouve. Comme s'il devait avoir honte de se trouver là où il se trouvait. Enfin... je ne vais pas commencer à me moquer des Dons des autres. Il est vrai que j'aurais beaucoup apprécié de pouvoir me camoufler lorsque je le voulais...

Cassiopée était perchée dans un arbre, aussi silencieuse et invisible qu'une ombre. Les deux Arréziens semblaient se disputer, ce qui arrangeait bien la panthère noire. Néanmoins, elle ne pouvait tolérer cette intrusion sur son territoire.
-Les petits Arréziens se sont perdus ? Ou alors vous êtes trop bêtes pour faire la différence entre votre territoire et le mien ?
Elle ne daigna pas descendre de son perchoir, se mettant par la même occasion à l'abri du coyote. Quant à la panthère des neiges, elle ne semblait pas bien dangereuse en dehors de son don.
-C'est bien toi qui me disait tout à l'heure que les limites devaient être respectées ? ironisa t-elle.

- Ferme-là espèce de sac à crottes, crachai-je.
Elle paye le prix des paroles offensantes de Tayris. De toute façon, elle n'est même pas capable de descendre affronter les gens en face.
- Alors, on a peur ? On n'ose pas descendre ? Tu n'es même pas capable d'affronter la dure réalité qui est que ton corps est tellement stupide qu'il ne peut que reproduire les attaques des autres. Tu n'as aucun moyen de gagner un combat. Tu préfères te servir de ton cerveau et tu finis par abuser de sa puissance.
Elle me donne envie de vomir.
Je me retins de lancer une décharge électrique. Car si je le faisais, elle serait trop puissante (en raison de ma colère) et m'atteindrait également.

Cassiopée n'était nullement atteinte par les insultes de cette jeune femelle. Elle ricana doucement.
-Tu ne vaux pas la peine que je descende. Puisque tu es si courageuse, monte et viens m'attaquer ! A moins que tu ne saches rien faire sans ton Don.
Elle s'étira sur sa branche et fixa avec envie un oiseau dodu qui s'était posé juste devant elle. Mais elle ne l'attaqua pas, préférant garder un œil sur la panthère des neiges.
-N'empêche, tu es bien effrontée. Ta maman ne t'a pas appris à respecter tes aînés ?
Elle la fixa intensément de son regard saphir.
-Je tiens quand même à préciser que tu ferais mieux de quitter mon territoire. Et emmène donc ton ami avec toi. Il est inutile de venir vous pavaner ici, vous n'impressionnez personne, et surtout pas moi.

- Mes aînés ? Sous-entendrais-tu par là que tu es au dessus de moi, plus forte et plus puissante ? Si c'est ce que tu insinues, sache que tu te trompes. Mes parents m'ont appris à respecter les personnes qui en valaient la peine, mais toi...
L'excuse nulle... "tu n'en vaux pas la peine."
Afin de lui montrer que si, je savais faire quelque chose sans mon Don, je pris de l'élan et m'élançai dans l'arbre. Je grimpai avec facilité sur une branche qui se trouvait au-dessus de la panthère noire dont je n'avais toujours pas le nom.
Je jetai un coup d’œil à Tayris.
Me soutiendra-t-il jamais ?

Cassiopée leva les yeux au ciel, agacée par cette petit effrontée qui ne cessait de la narguer depuis leur première rencontre.
-Tu perds ton temps. Tu ne m'impressionne absolument pas. Grimper dans un arbre, quoi de plus facile pour un félin ?
Elle bailla.
-Tu me fais perdre mon temps. Que veux-tu exactement, et pourquoi es-tu venue ici ?
Elle jeta un coup d’œil au coyote.
-Ton cher ami ne semble pas très décidé à t'aider. Il préfère sans doute se camoufler et attendre que ça se passe !

- Je suis venue ici pour la même raison que tu es venue à mon Fleuve : pour... t'agacer. Quoi de plus agréable que de voir une vieille peau se faire enquiquiner ?
"Voyons, Luna, les Athéniens ne sont pas habitués à parler de la sorte. Tu es intelligente, pleine de ressources et en possession d'un vocabulaire extrêmement riche. Profites-en, plutôt que de cracher de telles insanités à tout le monde". C'est ce que dirait ma mère.
Je me redressai et sautai sur une branche qui se trouvait un peu plus haut, histoire de donner du fil à retordre à l'Athénienne, au cas où elle voudrait m'attraper - elle était manifestement incapable de se servir correctement de son corps.
Quand je pense que si je veux, je peux faire exploser cet arbre...
Alors, je lançai une décharge électrique qui parcourut l'arbre, des racines jusqu'à la cime à part la branche où j'étais installée en me concentrant sur la branche où était allongée Cassiopée. De petits éclairs bleus grésillaient sous ses pattes, mais son corps ne considérait sûrement pas cela comme une attaque car je ne ressentais pour l'instant aucune douleur.

Cassiopée ne savait pas si elle devait rire ou s'énerver, mais elle était mi-amusée mi-agacée.
-Si tu es venue pour m'enquiquiner, tu peux faire demi-tour tout de suite : j'en ai vu des plus coriaces que toi. Tes efforts pour m’impressionner sont inutiles et je te suggère de quitter mon territoire tout de suite.
Elle descendit de l'arbre en un saut et se mit à tourner autour du coyote.
-Il en va de même pour toi, évidemment. Retourne plutôt te camoufler !
Elle ricana doucement, fixant la panthère des neiges qui étais restée dans l'arbre.
-Vous autres, Arréziens, vous prenez vraiment pour les maîtres du monde. Mais si vous voulez bien débarasser le plancher, j'ai faim et j'ai autre chose à faire que de m'occuper de deux imbéciles comme vous.

- Voyez-vous cela ? ricanai-je. Qui donc a affirmé, il n'y a pas une heure : "je ne tiens pas compte des limites, je fais ce que je veux", ou alors "tu n'as pas à me dicter ma conduite" ? Eh bien je te retourne la pareille. Et je crois que je vais rester ici... Je suis bien, malgré ta puanteur.
Je m'allongeai sur la branche et m'étirai, en alimentant encore un peu plus la puissance électrique qui parcourait l'arbre. Quelques feuilles commençaient à se détacher au niveau de la cime, et les autres branches commençaient sérieusement à s'agiter.
Quand j'aurais fais exploser cet arbre, elle ne doutera plus de mes talents.

Cassiopée ricana de plus belle, amusée par l'ignorance de cette petite effrontée.
-J'ai dit cela car je fais ce que je veux. Ce qui ne s'applique pas à tout le monde, et particulièrement à toi, surtout que tu es sur mon territoire. Et je n'aime pas qu'on touche à ce qui est à moi.
Le coyote. On va bien voir si elle s'obstine à rester dans l'arbre.
Sans attendre plus longtemps, elle se jeta sur le coyote et le plaqua au sol.
-Descends, ou je l'égorge. Je n'ai pas peur de tes décharges dans la mesure ou tu recevras exactement la même chose. Tu n'es pas folle au point de te mutiler toi même ? Quoique, de la part d'une Arrézienne, on peut s'attendre à tout...

Sans hésiter, je sautai agilement de ma branche, tout en lançant une si forte décharge électrique que plusieurs des branches de l'arbre tombèrent, une grande partie de l'écorce noircit et tomba, et les racines semblèrent se rétracter sous la terre.
- Tu étais également sur mon territoire et j'ai autant de droits que toi... Et me blesser légèrement en mettant fin à un combat s'appelle un "sacrifice", mais puisque tu es trop trouillarde et narcissique pour daigner te faire légèrement souffrir pour sauver ta peau. Tu es aussi stupide que tous les autres individus de ton clan.
Alors, je me jetai sur la panthère noire et lui infligeai une violente décharge. Comme je m'y étais attendu, une douleur fulgurante fit bouillir tous mes membres et mon cœur se mit à me picoter. Cependant, j'étais certaine que ma douleur ne représentait pas grande chose comparé à celle que devait éprouver l'Athénienne.
Sans hésiter, je plantai mes crocs dans son cou, tout en l'électrocutant, moins fort cependant.
Je suppose que Mâdemoiselle a tellement été habituée à son petit confort qu'elle ne sait même pas ce qu'est la douleur... Elle va bientôt le découvrir...

A trop vouloir prendre les Athéniens pour des faibles, cette femelle risquait très certainement de tomber de haut : telle était la pensée de Cassiopée. Furieuse de s'être laissée prendre par surprise, elle se débarrassa de son adversaire d'un coup d'épaule et sauta sur son ventre.
-Je me fiche de tes décharges : ce n'est pas ça qui va m'empêcher de t'éventrer. Je te laisse cependant une dernière chance : quitte immédiatement mon territoire ou tu le regretteras amèrement.
Elle desserra sa prise et fit un pas sur le côté. La balle était dans le camp de l'Arrézienne. Si elle refusait de s'en aller, Cassiopée n'aurait plus aucune pitié.
Elle ne put s'empêcher de se moquer du coyote.
-Tu ne trouves pas que ton ami possède exactement tous les défauts que tu m'attribues ? C'est un vrai trouillard, son Don le montre bien : il ne sait que se cacher. Je pourrais être en train de t'égorger qu'il resterait tout aussi inactif. C'est évident, il ne sait pas se battre ! Mais que peut-on attendre d'autre de vous, de toute façon ? Vantardise, vantardise, et encore vantardise !
Elle jeta un œil à ce qui restait de l’arbre.
-Mademoiselle essaie encore de m'impressionner ? Je te l'ai déjà dit : tu perds ton temps ! On a pas besoin d’effrontés comme vous ici !

Si elle croyait me blesser ou me faire de la peine en insultant Tayris, elle se trompait. Et elle avait beau dire que mes décharges ne lui faisaient rien, elle n'avait pas encore subit toute ma fureur.
- Dans ce cas, tu peux d'avance quitter cette terre. Et non, je crois que cet arbre me plaît...
Je sautais agilement dans l'arbre et allait m'installer sur une branche qui se trouvait à plus de cinq mètres du sol.
Peut-être que si elle essaye de se jeter sur cet arbre, je pourrais la blesser sans subir mon attaque en retour, si j'essaye de transformer l'arbre en une centrale électrique. Si je l'alimente suffisamment et qu'elle le touche, on pourra dire que c'est lui qui subira les dégâts, c'est comme un bouclier. Mais dans la mesure où il ne subira que le double de la puissance électrique qui le traverse déjà, il pourra tenir au moins quatre ou cinq bonnes grosses attaques. Oui, je n'ai jamais essayé ça... attaquer par le biais d'un objet. Je la tiens, cette fois.
- Alors ? fis-je en imitant une petite voix de bébé, on a peur de grimper dans le grand n'a-n'arbre ? Minou est trop fatiguée ? Trop faible ? Incapable d'attaquer par ses propres moyens, préférant reproduire les attaques des autres, hein ? Eh bien moi je pense que ton corps est tellement incapable de se défendre seul qu'il a besoin de modèle, autant Athénien qu'Arrézien. C'est la preuve d'une incontestable flaiblesse, hein,  Minou ?
Je tiens mon petit surnom.
Je regardai Tayris, en espérant qu'il saute sur la femelle : il pouvait aisément s'emparer d'elle, elle lui tournait le dos.
- Et Tayris est un brave coyote, il sait se défendre ! me mis-je à clamer, il attendait juste que je lui donne le feu vert, peut-être ! En tout cas je sais qu'il te dépasse de loin, mentalement et physiquement parlant ! Toi tu ne sais que menacer, menacer et menacer, tu es une incapable ! Pas vrai Tayris ?
Voyant que celui-ci ne réagissait pas, je crachai à la panthère :
- Très bien, espèce de pourriture, utilise tes pattes si tu le peux, en attendant, tu es loin de m'avoir rattrapée, l'Intello !
Aussitôt, je m'enfuis d'une façon lâche, mais délicieuse.